Enquête publique relative à l’Atlas du réseau hydrographique de la Région bruxelloise

Lecture critique par le Tuiniersforum des Jardiniers

I. Remarques générales

1. Un atlas nouveau, essentiel, mais malgré tout incomplet

Le nouvel Atlas hydrographique est un outil nécessaire.

Il est assurément opportun que la Région se dote d’un outil cartographique avec une valeur réglementaire, tout comme les autorités le firent – de façon souvent incomplète au demeurant – autour de 1880 puis de 1956.

Reconnaissons qu’un travail important a été effectué, d’inventaire de la situation existante. Reconnaissons aussi que ce travail fait lien avec le souci de la Région de maintenir et de restaurer son réseau hydrographique.

L’Ordonnance de 2019 exige en son article 7 deux éléments à l’Atlas : cours d’eau classé et étang classé, elle laisse la possibilité au gouvernement d’ajouter plus d’éléments hydrographiques, le gouvernement a par exemple décidé d’intégrer certains fossés. Il nous semble en cela plus complet que les anciens atlas des cours d’eau.

Le projet d’Arrêté prévoit en son Art.6 §1er que : « L’Atlas du réseau hydrographique de la Région de Bruxelles-Capitale constitue le document de référence pour la gestion et la protection des éléments du réseau hydrographique mentionnés à l’alinéa 1er, y compris la mise en œuvre des obligations reprises dans l’ordonnance ». Dès lors, ce document a une importance élevée pour la mise en œuvre du Plan de Gestion de l’Eau et , plus fondamentalement, pour la Région.

Le Tuiniersforum des jardiniers déplore que le PGE 2022-2027 sollicite à nouveau, comme elle le fait depuis 2012 (!) des dérogations pour ne pas remplir les objectifs fixés par la directive Européenne 2000/60/CE. La Région ne remplit toujours pas ses obligations relatives à la bonne qualité des masses d’eau de surface, et au bon état qualitatif et quantitatif des eaux souterraines, et a sollicité dans le dernier PGE à nouveau une dérogation sachant qu’elle n’atteindra probablement pas ces objectifs en 2027.

Dès lors, la complétude et l’exhaustivité de l’Atlas acquièrent un caractère très important: ce n’est en effet qu’à la condition que le réseau hydrographique bruxellois soit documenté dans toute sa complexité et sa richesse qu’il pourra être valablement protégé et développé, et ce sont ces protections et développements qui conditionnent la réussite des objectifs fixés par la directive EU « cadre eau ». Autrement dit, l’Atlas est un élément crucial de la planification de la protection du réseau hydrographique sans laquelle les objectifs fixés à la région risquent très fortement à nouveau de pas être atteints.

La complétude de l’Atlas est donc cruciale en regard des obligations légales européennes, mais également dans la perspective de la révision du PRAS.

Or, le Tuiniersforum des jardiniers constate et regrette qu’en l’état actuel de la proposition, l’atlas reste malgré tout incomplet :

  • d’une part quant à la définition – restrictive – des éléments hydrographiques – nous y revenons plus loin,
  • d’autre part quant à la non prise en compte de certains éléments hydrographiques
  • finalement quant aux imprécisions ou lacunes à l’échelle locale.

1.A. Les sources

L’Atlas ne reprend pas les sources. A fortiori, il ne mentionne aucune zone de protection attenante à celles-ci.

Pourtant un inventaire en a été réalisé par Coordination Senne et en identifie plus de 200 sources. La mesure M 6.4 du PGE (p. 702) entend « Inventorier et cartographier les sources dans un souci de préservation du patrimoine naturel et d’éventuelles reconnexions au réseau hydrographique ».

La Région dispose de données au sujet des sources, nombre d’entre elles sont en effet déjà cartographiées sur la « Carte des cours d’eau, étangs, petits bassins, marais et fontaines » que l’on peut consulter sur le site de Bruxelles Environnement : https://geodata.environnement.brussels/client/view/030319b5-9197-44b7-b675-1e0ca9e90bb2

Toutes les sources identifiées et inventoriées par Coordination Senne ne sont d’ailleurs pas reprises sur cette dernière carte.

L’Atlas devenant le document de référence pour la gestion et la protection du réseau hydrographique, il doit comprendre un relevé exhaustif des sources de la RBC.

1.B. Les étangs

L’Atlas ne reprend que les étangs régionaux, ce qui n’est pas suffisant.

Il y a ici une distorsion alors que l’Atlas reconnaît a priori tous les cours d’eau, qu’ils soient gérés par Bruxelles Environnement (cours d’eau classés), par une autre autorité (Commune) ou par un propriétaire privé riverain.

Les étangs gérés par des Communes jouent souvent un rôle important sur le plan hydrologique, biologique, paysager, etc. Il en va de même d’étangs se trouvant dans des domaines privés, tels que celui de l’ancien château Rivieren à Ganshoren.

Notons que la « Carte des cours d’eau, étangs… » citée ci-dessus reprend nombre de ces étangs et le travail de recensement est donc ici aussi au moins partiellement effectué. Il semble a priori relativement complet.

L’Atlas devenant le document de référence pour la gestion et la protection du réseau hydrographique, il doit comprendre un relevé exhaustif des étangs de la RBC.

1.C. les fossés

La liste des fossés repris nous semble elle aussi incomplète. Il est vrai que selon l’arrêté, l’atlas ne reprend que « certains » fossés. Cela ne se justifie pas.

Nous y revenons en partie II du présent avis.

1.D. Les zones humides

Les rôles biologique et paysager des zones humides ne sont pas à démontrer. Les services, les bienfaits qu’elles apportent vont cependant bien au-delà de ces deux dimensions, qui par ailleurs suffisent selon le Tuiniersforum des jardiniers à justifier leur protection. Leurs services sont du reste reconnus à l’échelle mondiale par la Convention de Ramsar1.

Les rôles cruciaux qu’elles ont et auront à jouer dans la perspective des changements climatiques sont bien connus :

  • dans la prévention des inondations car, en tant que zones tampons, elles peuvent absorber localement certaines quantités d’eaux pluviales. « Les zones humides de surface filtrent l’eau qui s’écoule vers les aquifères, contribuant à la reconstitution des approvisionnements en eau. »2 La mesure 5.9. du PGE prévoit d’ailleurs d’« aménager le réseau hydrographique (eaux de surface, étangs et zones humides) afin d’améliorer sa capacité de tamponnage des crues et son rôle d’exutoire d’eaux claires »​.
  • dans la prévention des effets des grandes chaleurs car, en période estivale, grâce à l’évapotranspiration, elles contribuent au rafraîchissement du climat urbain.

Les zones humides, tout comme les étangs sont bien évidemment interconnectées avec les eaux souterraines, mais aussi avec les cours d’eau, fossés, sources… Elles font donc bien évidemment pleinement partie du réseau hydrographique.

Pour toutes ces raisons, le Tuiniersforum des jardiniers considère que les zones humides doivent être considérées comme des éléments clefs du réseau hydrographique, et de ce fait, doivent être également inventoriées dans le présent atlas afin de donner un vision plus complète du réseau hydrographique bruxellois.

Un certain nombre d’entre elles sont protégées comme site et/ou comme réserves naturelles. Cependant, d’autres ont encore un statut incertain (zones humides au Bempt à Forest, Bois de l’Azur à Berchem-Sainte-Agathe…). De toutes manières, les cartographier dûment et de manière spécifique aidera à mieux comprendre comment elles forment dans les faits, ou potentiellement des maillons d’un maillage écologique et hydrologique au sein du tissu urbain.

L’Atlas devenant le document de référence pour la gestion et la protection du réseau hydrographique, il doit comprendre un relevé exhaustif des zones humides de la RBC.

Remarque connexe

Etant donné les caractéristiques spécifiques et cruciales évoquées ci-dessus, le Tuiniersforum des jardiniers propose qu’un statut protecteur spécifique soit attribué aux zones humides. La nomenclature du futur PRAS devrait prévoir une couleur ou une trame surimprimée spécifique afin de les cartographier et ainsi de les reconnaître en tant que telles.

Du reste, le Tuiniersforum des jardiniers demande que l’ensemble du réseau hydrographique – y compris les sources, fossés… – soit pris en considération dans le futur PRAS.

2. La carte n’est pas le territoire

L’Atlas se base sur certaines caractéristiques – définies dans l’ordonnance – qui constituent chacunes les éléments hydrographiques.

Il est essentiel, à des fins de gestion et de protection, de prendre en compte toutes les conditions –  hydrologiques et géologiques, biologiques, morphologiques – essentielles à l’existence d’un cours d’eau ou plan d’eau, notamment les berges, sols, lits mineur et majeur, chenal, nappes alluviales, etc. sans se limiter exclusivement aux traits graphiques de l’Atlas lui-même.

2.A. définition des sources

Comme dit plus haut, la protection d’une source implique la définition a priori d’une zone de protection (où l’on ne peut pas imperméabiliser les sols, au risque sinon de tarir la source).

2.B. définition des cours d’eau

Le cours d’eau semble restreint par la définition donnée par l’Arrêté à l’article 6, aux caractéristiques mentionnées : point d’origine, largeur, profondeur, crêtes de berges3, axe d’écoulement et ouvrages d’art.

Si la crête de la berge est le point de référence actuel, qu’en est-il là où les berges ont été artificialisées, le cours d’eau est très restreint par rapport à son lit (Cet article de l’arrêté se référant à l’Art.2, 2° de l’Ordonnance) ?

Nous proposons dès lors d’ajouter – dans la définition du cours d’eau tous les éléments qui contribuent à son hydrographie et son écologie (afin de préciser, compléter celle que donne l’ordonnance) :

  • les sources et résurgences (voir Art.2, 1° de l’Ordonnance -voir supra) – notion plus précise que « point d’origine »
  • le lit du cours d’eau, (Art.2, 2° de l’Ordonnance)
  • les lits désaffectés (Art.2, 3° de l’Ordonnance)
  • l’existence de sous-affluents (nous voyons que pour les ruisseaux de la Forêt de Soignes en particulier, dans plus d’un cas – notamment le Vuylbeek – des sous-affluents sont de facto repris
  • voire de possibles zones de débordement, des portions existantes ou restaurables de lits majeurs
  • la zone tampon non ædificandi – de 4 mètres à compter de la crête de berge (cf ordonnance – Art. 20. § 1 er 6°)
  • de même la zone tampon pour l’usage de pesticides (cf ordonnance – Art. 18. § 1 5°).

Ceci est cohérent avec les objectifs que la Région se donne dans son PGE (page 418) pour son « Programme maillage bleu », lequel a pour principes, notamment l’inclusion du « maillage bleu comme axe structurant des couloirs écologiques et les espaces verts de la Région » le rétablissement des « fonctionnalités du cycle naturel de l’eau » et reconnaît au maillage bleu des fonctions hydrauliques, écologiques, paysagères, sociales.

2.C. Définition des étangs

A propos de la superficie des étangs, le Tuiniersforum des jardiniers relève une ambiguïté: là où l’ordonnance définit une surface d’au moins 100 M², le préambule de l’enquête publique indique 400 M². Cette valeur ne se retrouve pas dans le texte de l’arrêté; mais crée néanmoins une confusion qui doit être corrigée. Seule la valeur de 100m² est correcte. Dans son chapitre 4, article 5, le projet d’arrêté fait référence, pour la définition de l’étang, à l’article 6, paragraphe 1er de l’ordonnance du 16 mai 2019. La référence ne devrait-elle pas plutôt être faite à l’article 2, 8° et 9° de ladite ordonnance qui définit l’étang comme « masse d’eau de surface stagnante d’une superficie d’au moins 100 m² remplissant une dépression, naturelle ou artificielle » ?

Remarquons aussi que le niveau varie de saison en saison, ce qui bien entendu peut modifier l’étendue d’eau. En période où le niveau est plus bas, la surface sera parfois plus réduite. Pour autant les zones non immergées à ce moment-là participent pleinement de l’écologie de l’étang.

En outre, cette définition dans l’ordonnance ne tient pas compte de la réalité d’un étang, qui inclut plus que la seule surface de ses eaux.

C’est pourquoi, le Tuiniersforum des jardiniers demande que l’arrêté, comme il le fait pour les cours d’eau, établisse une définition des étangs qui englobe l’ensemble écologique qui contribue à leur hydrographie :

  • leur alimentation – source ou résurgence (voir supra), cours d’eau/fossé
  • leur lit – fond : profondeur
  • leurs berges – en reprenant la définition similaire à la définition des berges des cours d’eau.
  • la zone d’emprise de 4 mètres à compter de la crête de berge (zone non ædificandi)
  • la zone tampon pour l’usage de pesticides
  • ainsi que les zones humides liées à tel ou tel plan d’eau telles que par exemple des roselières, des saulaies, des aulnaies, ou autres zones marécageuses.

Une telle définition, reprise dans l’arrêté, serait de nature à pallier celle, trop restrictive et insuffisamment explicite, de l’ordonnance. Ceci est cohérent avec le prescrit de différents articles de l’Ordonnance relatif à certaines obligations de protection des berges des étangs.

Le PGE va également en ce sens – la mesure M 3.7 (p. 584 et sq) prévoit d’assurer « le bon potentiel écologique des étangs régionaux afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs et d’exprimer pleinement et durablement leurs services écosystémiques »

Une attention particulière y est accordée à la flore, à la morphologie, et des mesures concrètes y sont annoncées de mise en valeur de zones humides attenantes à certains étangs régionaux (Mellaerts) ou de renaturation de berges – la ​mesure 3.7.9, traite plus précisément du Marais Wiels (nous y revenons plus loin).

L’importance de ces zones liminaires en termes de biodiversité est donc reconnue.

Une attention est aussi accordée, dans cette mesure, aux pollutions et déséquilibres écologiques.

Le potentiel écosystémique de certains végétaux, notamment les roseaux et roselières, est important en termes de bioremédiation des eaux.

L’étang présente donc des caractéristiques précieuses et nombreuses qui excèdent largement la simple étendue d’eau. L’Atlas doit pouvoir en rendre compte.

2.D. Définition des fossés

Les fossés doivent pouvoir également être décrits avec certaines précisions du même ordre (origine, berges…). Voir point suivant.

3. « Mal nommer les choses contribue au malheur du monde »4

Les noms donnés à certains fossés et cours d’eau posent dans certains cas problème, comme nous l’établissons dans la seconde partie du présent avis :

  • certaines dénominations semblent erronées
  • d’autres invisibilisent les expertises citoyennes qui ont largement contribué à la reconnaissance d’un réseau hydrographique plus complexe que les anciens outils ne le laissaient penser.

Il y a sans doute une ambiguïté dans la définition-même de fossé qui reprend des cours d’eau naturels (même si intermittents) tels le Sluipdelle (Rouge-Cloître), des wateringues ou encore un ouvrage destiné à la culture aquatique (les cressonnières de Laeken). Il semble donc utile soit de préciser la notion de fossé soit d’intégrer dans cette catégorie plusieurs sortes d’éléments hydrographiques, naturels ou non, où l’eau coule par intermittence. L’Ordonnance du 16 mai 2019 : 10° définit de fait le « Fossé » comme une « voie naturelle ou artificielle d’évacuation ou de drainage d’eau pluviale non qualifiée de cours d’eau non navigables ».

Compte-tenu de cette définition: quel peut être le statut de noues, de ouadis… qui ont été créés au cours de ces dernières années (ru du Cognassier à Berchem-Sainte-Agathe, ouadi à la prison de Haren par exemple ) ou qui ne manqueront a priori pas d’être créés dans l’avenir ?

D’autre part, on peut craindre qu’un drainage excessif ait des conséquences nuisibles sur les zones humides protégées ou à protéger et qui jouent des rôles importants – par exemple au Vogelzangbeek. Il importe donc dans de telles situations, en fonction de la proximité de telles zones humides, de limiter la création de fossés.

4. Protéger l’existant, rendre possible une vision ambitieuse

L’Atlas se base sur une situation existante fortement perturbée, produit de décennies d’artificialisation des sols, de recouvrement de cours d’eau ou de renvoi de leurs eaux dans le système d’égouttage. Or une telle politique, si elle s’est justifiée pour des raisons de santé publique, a montré ses limites, ses effets contre-productifs. Du reste, aujourd’hui, en Région Bruxelloise comme dans bien des villes de par le monde, la revalorisation du réseau hydrographique est de retour à l’agenda.

En ce sens, l’Atlas doit rendre possible :

  • dans certains cas une restauration d’éléments enfouis du réseau hydrographique
  • dans beaucoup de cas une renaturation, une désimperméabilisation des abords des tracés des cours d’eau
  • plus généralement un développement futur y compris de ce qu’on appelait à un certain moment des « nouvelles rivières urbaines ».
  • des reconnexions souterraines de cours d’eau à un exutoire naturel – ainsi que cela fut proposé dans le cadre de la recherche-action « Brusseau » pour le Molenbeek, depuis Jette jusqu’à la Senne5. Celle-ci fait du reste l’objet de mesures planifiées ou au moins envisagées dans le PGE (Mesures n° M 1.26.2 et n° M 1.26.8 – page 520).

Dans cette optique de planification, le Tuiniersforum des jardiniers invite l’autorité à prévoir  :

  • dans l’arrêté une définition à ces reconnexions futures
  • dans l’Atlas une représentation par une couleur ou style de ligne spécifique

II. Situation par situation

Nota bene 1 : par souci de clarté, nous nous basons ici sur la carte établie par Kevin DE BONDT (VUB), et publiée en 2011 dans Bruxelles en Mouvement n°247-248, avril-mai 20116 – voir figure 1 en annexe

Nota bene 2 : cette partie ne doit pas être vue comme exhaustive. Elle comporte un certain nombre d’observations effectuées par des collectifs membres fu TFJ. Il y en a certainement bien davantrage à relever sur le territoire de la région.

1. Geleytsbeek et Ukkelbeek

Comme pour le Molenbeek, il serait judicieux de reconnaître à ce ruisseau une possible continuité dans l’avenir.

2A. bassin versant de la Senne (versant Sud-Est – Forest et Saint-Gilles)

Marais Wiels

Le Tuiniersforum des jardiniers salue la reconnaissance du Marais Wiels comme « étang régional », notamment de la roselière sud.

Toutefois, le Tuiniersforum des jardiniers regrette vivement que près de 3000 m² du Marais, la partie nord, soit exclue de cette reconnaissance. Une étude commanditée par Bruxelles Environnement semble être à l’origine de cette omission, particulièrement problématique pour les raisons exposées précédemment.

Une étude plus récente démontre que la partie Nord fait pourtant partie du Marais d’un point de vue morphologique (topographie et bathymétrie)7. Cette partie Nord est complexe, cependant au-delà des variabilités saisonnières, la roselière septentrionale, en eaux plus profondes, est reliée par un cours d’eau ou chenal au plan d’eau principal, tandis qu’une roselière – saulaie en partie émergée borde le bâtiment Métropole.

Le Marais Wiels est donc un étang dont les berges et certains îlots émergents sont colonisés par une succession de roselière et de saulaie, ce qui renforce son caractère paysager et lui confère un rôle important en termes de biodiversité, actuel et potentiel. Le Tuiniersforum des jardiniers demande donc de considérer à l’Atlas l’ensemble composé du plan d’eau libre et des zones végétalisées, au sud et au nord du site, comme un étang avec une surface de quelque 8752 m² résultant du mesurage de la lame d’eau. Le lit et la profondeur exacte pourraient être précisées. Une zone d’emprise, végétalisée, est actuellement clôturée, au-delà de la crête de berge et pourrait figurer comme zone non ædificandi.

Versant de Forest, en général.

La liste des cours d’eau et fossés forestois (ou proches) est assez fournie.
Le Tuiniersforum des jardiniers estime que le « Leybeek » devrait être nommé « Doolhofbeek ». Rappelons le travail de science citoyenne effectué dans le cadre de Brusseau8, sur base d’une recherche archivistique menée par des activistes forestoises : c’est ce travail qui avait révélé l’existence et précisé l’évolution de l’hydrographie de ce ruisseau. En outre la Région compte de fort nombreux « Leybeek » et il serait donc utile de spécifier le nom.

De même, c’est un travail citoyen qui a conduit à reconnaître la source du Calvaire et à élaborer un projet de reconnexion de celle-ci. Le Tuiniersforum des jardiniers constate dès lors que « Ruisseau du Calvaire » serait une appellation plus juste que « Kakenbeek ». Nous constatons, ici encore, la non-reprise des sources dans le projet d’Atlas, ce qui doit être corrigé pour permettre l’inscription de celle du Calvaire dont la mise en valeur par des citoyen-ne a amené à la restauration – ou la recréation – du ruisseau.

Une source au moins n’est pas reprise non plus à la carte de l’eau à Bruxelles, en l’occurrence la source Kuypeborre (fig I, In°2), identifiée dans le cadre des travaux de Brusseau9 juste en amont de la gare de Forest Est, à l’angle des avenues de Montecarlo et V. Rousseau.

De même, le Tuiniersforum des jardiniers estime nécessaire de reprendre dans la catégories des « fossés à protéger » le dalot de l’Ijsbakbeek (Fig II n°1), qui passe sous le talus du chemin de fer entre l’avenue de Montecarlo et la rue de Liège. Ce dalot reçoit des eaux de drainage et un aménagement récent en jardin de pluie des alentours de son débouché met en valeur son caractère de fossé « intermittent ».

Elsbeek (Saint-Gilles)

Nous ne pouvons que nous réjouir que ce ruisseau, qui a joué un rôle important dans l’histoire de la Ville soit reconnu10.

2B. bassin versant de la Senne (versant 2B, Nord Ouest Evere et Haren)

Keelbeek (Haren)

Seule une portion réduite du Keelbeek est reprise au projet d’Atlas, parallèle à la dernière section Nord de la rue du Chicon.

Or la source du Keelbeek coulait jusqu’en 2018 au cœur d’une aulnaie sur le site du même nom en direction des anciennes usines Wanson11. L’ensemble a été détruit pour laisser place à la plus grande et regrettable prison du pays, moyennant canalisation du ru et création d’un ouadi de collecte et d’évacuation de ces eaux dans l’enceinte de la prison comme l’établit le Permis d’urbanisme délivré le 24/12/2016 et contesté y compris par le Tuiniersforum des jardiniers (réfl.: 04/PFD/495873).

Ces deux éléments, Keelbeek et ouadi, doivent donc logiquement figurer à l’Atlas d’autant plus que la canalisation prévue par le permis précité semble de toute évidence ne pas contenir la totalité du Keelbeek dont une résurgence coule encore de l’autre côté de la rue du Chicon, côté région flamande au niveau de la sortie du R22 qui connecte à la prison.

3b. BV du Vogelzangbeek, du Broek et du Neerpedebeek (Anderlecht), du Maelbeek « ouest » (Molenbeek-Saint-Jean)

Nous constatons plusieurs lacunes à propos de Neerpede.

L’Atlas ne reprend pas (voir figures III, IV et V en annexe)

  • le ruisseau du Scherdemael, qui prend sa source au niveau de la ferme Snoek (source indiquée dans Eau à Bruxelles de Bxl Environnement) et rejoint le Neerpedebeek via la rue de Scherdemael.
  • ni une grande partie du Koeivijverdaal qui prend sa source dans le grand bois au sud du chemin de fer (entre la route de Lennik et le chemin de fer) et qui remonte à ciel ouvert (sauf au niveau du chemin de fer) jusqu’à la ligne jaune indiquée dans l’Atlas.
  • Et à moindre mesure, il manque deux très petits ruissellements le long de la rue de Neerpede, tout proches de la rue du Froment, et qui se jettent dans le Neerpedebeek après être passés par des rigoles/

Il ne reprend pas non plus (voir figure VI en annexe)

  • l’Étang Moyen de Neerpede, créé comme les autres à des fins de prévention des inondations n’est pas repris.
  • ni les autres étangs à proximité (Mayfair, Mobilité). Or leurs débordements arrivent dans le Neerpedebeek. D’autre part, le Ru Olympique se jette dans le bassin Mayfair. Qui déborde dans l’étang Mayfair. Qui lui-même déborde dans le Neerpedebeek -> le tracé du Ru Olympique est faux
  • Le débordement de l’étang Moyen aboutit dans l’étang Mobillité. Qui déborde à son tour dans le Neerpedebeek -> c’est un non sens de reconnaître le Neerpedebeek mais pas les autres éléments qui y sont liés.
  • Relevons que plusieurs des étangs de la vallée du Vogelzangbeek ne sont pas non plus repris.

4. BV du Molenbeek (Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Jette et Laeken)

Reconnexion à la Senne : ce supra.

Le ru du Cognassier, à Berchem-Sainte-Agathe devrait selon nous être reconnu comme fossé, pour le rôle qu’il joue, au moins sur le plan hydrologique

Le ruisseau qui traverse Berchem-Sainte-Agathe est-il bien le Paruk ?

Selon nous, ce nom est celui d’un ancien affluent du Maelbeek « ouest », qui prenait sa source à Berchem-Sainte-Agathe mais s’écoulait vers l’est. Dont un segment, du reste, est repris à l’Atlas.

Selon nos informations, un nom a été proposé au ruisseau dont question ici, dans le cadre du projet Brusseau-Bis : le Wilderbeek.

5. BV du Maelbeek (Est)

Ici aussi, nous pensons important que les sources déjà inventoriées soient dûment reprises dans l’atlas, notamment12

  • les sources et suintements du Parc Léopold
  • la source, dont l’eau émerge en deux endroits, et qui coule dans les sous-sols de l’immeuble dit le Pacific, le triangle délimité par les rues de Bruyn, de la Pacification et Willems.

Remarque connexe

Toutes les prospections relatives aux sources du Maelbeek à l’Abbaye de La Cambre ont-elles été effectuées ? N’y a-t-il pas lieu de penser que celles-ci se trouvent également en amont ?

6. BV de la Woluwe dont Forêt de Soignes

Inventorier pour mieux protéger

Les ruisseaux en contre-bas de l’hippodrome de Boitsfort (Bocq et Karregatbeek)

La vallée de la Woluwe comprend de nombreux étangs et de nombreuses zones humides

Citons parmi les étangs non repris à l’Atlas (parce que non régionaux)

  • ceux de l’Ancienne Royale Belge (Ten Reuken), du Domaine de Val-Duchesse, du parc des Sources, du Parc Malou – pourtant tous directement liés à la Woluwe
  • la Mare du Pinnebeek
  • l’étang du 77 rue de la Rive à Woluwe-Saint-Lambert (voir figure 7).

Parmi les zones humides:

  • les vallées du Vuylbeek et des Enfants Noyés (Karregetbeek)
  • les abords de l’ancienne Royale Belge (Ten Reuken)
  • bosquet marécageux du Hof Ten Berg
  • le site de Hof ter Musschen
  • etc.

Les cartographier ferait apparaître un important maillage bleu et en reconnaîtrait l’importance et le potentiel.

Signalons que le site de l’ancienne Hof ter Cauwerschueren comprend un fossé, identifié comme un vestige du lit du Roodebeek. Cela est d’ailleurs relevé dans la notice en annexe de l’arrêté de classement de ce site : https://doc.patrimoine.brussels/REGISTRE/AG/038_037.pdf

Télécharger le document au format .pdf : http://www.tuiniersforumdesjardiniers.be/wp-content/uploads/2023/12/20231223_avis-TFJ_s-arrete-atlas-eau_bxl-definitif-1.pdf

*

1 Voir site de la Convention de Ramsar https://www.ramsar.org/

2 https://www.ramsar.org/sites/default/files/documents/library/wwd2018_french.pdf dia 10

3 « Pour les cours d’eau non navigables classés visés à l’article 2, l’Atlas du réseau hydrographique de la Région de Bruxelles-Capitale mentionne leur point d’origine, leur largeur et leur profondeur sous forme de profils en travers et crêtes de berges. »

4 Albert Camus

5 Voir ici: https://cloud.egeb-sgwb.be/s/pNGFDMNcnHpokNf

6 https://www.ieb.be/IMG/pdf/bem247-248_042011.pdf

7 Rapport d’étude historico-géographique sur la topographie/bathymétrie du « Marais Wiels » et sa qualité d’étang dans le cadre de l’enquête publique concernant le nouvel atlas du réseau hydrographique de la région de Bruxelles-Capitale – N. Schroeder, 2023 – voir ici https://difusion.ulb.ac.be/vufind/Record/ULB-DIPOT:oai:dipot.ulb.ac.be:2013/366085/Holdings

8 https://cloud.egeb-sgwb.be/s/2ojcqrqNte89GxD

9 voir notamment ici : https://cloud.egeb-sgwb.be/s/NGt75skZyfQc6Qn

10 Voir ici: https://curieuses-balades.be/sur-les-traces-de-lelsbeek/

11 Voir notamment l’étude d’incidence du projet de prison de Haren et https://www.coordinationsenne.be/fr/documentation/dossiers/sources/informations-sources-bruxelloises.php#hollebeek-leibeek

12 Nous nous référons ici à l’inventaire de coordination Senne – op cit.Marais


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