Entre 2003 et 2016, Bruxelles a perdu 14% de surface verte (1). Les chiffres manquent avant et après cette période, mais il est clair qu’entre 1989, année de création de la Région de Bruxelles-Capitale, et aujourd’hui la destruction de la nature en ville a été régulière, constante, méthodique (2). Le PS a été à la manœuvre 28 ans sur les 33 années d’existence de la région, et sa responsabilité est donc totalement engagée.
- La nature à Bruxelles est méthodiquement détruite, par grignotage
Ce mouvement de destruction méthodique est opéré par grignotage : de nouveaux permis sont constamment accordés pour détruire la nature, qui disparaît de manière continue. Chaque nouveau projet fait l’impasse sur cette destruction cumulative, ses promoteurs vantant telle ou telle caractéristique qui le rendrait nécessaire, adapté, utile. Tel projet est modeste, tel autre a une emprise au sol réduite, celui-là répond à des besoins sociaux, etc. Tous sont repeints en vert, greenwashés. Et tous contribuent activement et systématiquement à la destruction de la biodiversité et à l’aggravation du dérèglement climatique, dont les conséquences sociales sont désormais palpables. Les inondations ont fait 43 morts en Belgique l’année dernière. Les chiffres des décès provoqués par les vagues et ilots de chaleurs de cet été ne sont pas encore connus mais risquent d’être accablants (3). Un consensus scientifique existe pour établir le lien entre un aménagement inadapté du territoire et les effets sociaux gravissimes de ces épisodes climatiques, tout comme l’impact accru du dérèglement climatique par l’artificialisation des sols.
De même qu’il est désormais indispensable d’arrêter d’émettre des gaz à effet de serre, il est urgent d’arrêter de détruire la biodiversité, qui dépend des sols vivants(4). De même qu’il faut “aplatir la courbe” des émissions de CO2, il faut aplatir celle de la destruction des sols, et engager un mouvement de désartificialisation ou dé-bétonisation déjà à l’œuvre dans de nombreuses villes.
C’est en ce sens que le TFJ demande depuis cet été au gouvernement bruxellois un moratoire sur l’artificialisation des derniers sols naturels. Désormais, 47 organisations, associations et collectifs appuient cette demande (voir liste ci-dessous).
- Le socialisme bruxellois est un écocide
En réponse à cette mobilisation citoyenne inédite en faveur de la préservation des derniers espaces naturels non protégés à Bruxelles, Rudi Vervoort, Nawal Ben Hamou et Pascal Smet se sont réunis avec des promoteurs immobiliers lors du salon Realty Belgium pour proclamer leur volonté de bétonner 42 hectares supplémentaires, dont tous les terrains activement défendus par les Bruxellois-es. Il ne s’agit plus ici de grignotage mais bien de la poursuite accélérée d’une dynamique de dévastation d’espaces naturels, et dès lors d’un écocide.
Pour justifier cet écocide, le ministre-président a déclaré: “Je prends la protection de la biodiversité très au sérieux, mais qui parle encore aujourd’hui de la crise sociale, du manque de logements accessibles? (…) L’environnement est certainement un aspect essentiel, mais il ne peut primer sur les volets sociaux et économiques”. (5)
Le Tuiniersforum des jardiniers observe qu’en 28 ans à la tête de la Région bruxelloise, le PS n’a non seulement pas résolu la crise du logement, mais l’a considérablement aggravée. II y a actuellement 51.000 ménages en attente de logement social. Des dizaines de milliers d’autres sont mal logés ou payent un loyer excessif. Depuis 2013, les gouvernements Vervoort 1,2 et 3 et Bruxelles Logement ne sont pas parvenus à mettre en place un dispositif d’urgence comme celui de l’allocation-loyer pour 12.000 ménages (sans même engager la discussion sur l’opportunité et l’efficacité de cette allocation) alors même que les montants nécessaires sont prévus au budget (6).
Pendant ces mêmes 28 années de pouvoir, tout en participant à l’aggravation de la crise du logement, le PS a méthodiquement saccagé la nature à Bruxelles, faisant perdre les Bruxellois sur tous les deux tableaux, social et écologique.
La crise du logement n’est pas générée par le manque de bâti, mais par des prix largement excessifs au regard des capacités financières de la majorité des ménages bruxellois. La demande pour des logements abordables est désormais telle que c’est bien sur le marché et les loyers qu’il faut agir, et non sur la construction de rares unités sociales au détriment de la nature, du climat et de la biodiversité, dont la perte est toujours payée plus durement par les plus pauvres.
C’est pour ces raisons qu’un moratoire sur la destruction des derniers sols naturels bruxellois, en plus d’être indispensable en regard de la crise climat-biodiversité, constitue un appui pour le droit au logement. En arrêtant de consumer le foncier régional, le gouvernement ne pourra plus prétendre qu’il s’attaque à la crise du logement avec des projets qui ont valeur d’alibi, comme le démontrent les 28 dernières années de pouvoir, et sera enfin contraint de s’attaquer aux causes réelles du problème.
- Pascal Smet n’est pas contre la (destruction de la) biodiversité
Utilisant les mêmes éléments de langage, Pascal Smet a quant à lui déclaré: “Je ne suis en aucun cas contre la biodiversité, mais cet argument ne doit pas être utilisé pour bloquer tous les projets de construction” évoquant une attitude “nimby”. (7)
Faut-il s’étonner que le secrétaire d’état ne soit pas encore parvenu à comprendre qu’il est possible de construire ailleurs que sur les réserves de biodiversité, en utilisant les sols déjà artificialisés? Qu’il est préférable de réparer, de rénover la ville, plutôt que de sans cesse étendre le béton fortement émetteur de C02? Pascal Smet n’est pas contre la biodiversité, mais il n’est surtout pas contre sa destruction.
Qualifier de “nimby” les citoyens engagés qui par centaines de millions à travers le monde se mobilisent pour empêcher la destruction du bien commun naturel est non seulement une offense à l’intelligence, mais surtout une attitude totalement irresponsable. Ce type de propos n’est plus acceptable au moment où les Nations Unies déclarent à la suite des scientifiques que nous allons dans la mauvaise direction: “Les villes, qui abritent des milliards de personnes de la planète et qui sont responsables de plus de 70 % des émissions anthropiques, seront confrontées à des incidences socio-économiques de plus en plus grande ampleur. Selon le rapport, qui donne des exemples de conditions météorologiques extrêmes dans différentes régions du monde cette année, ce sont les populations les plus vulnérables qui seront les plus touchées.” (8 )
- La démocratie va mal, la secrétaire d’Etat Ben Hamou propose de l’achever
Poursuivant ces déclarations complètement à rebours de l’époque, la secrétaire d’état Ben Hamou a quant à elle suggéré de supprimer les commissions de concertation et de confier la délivrance des permis au gouvernement, indiquant “Aujourd’hui à Bruxelles, les commissions de concertation ressemblent à des rings de boxe, une sorte de caisse de résonnance de l’effet Nimby…” (9)
Qu’il y ait un problème démocratique à Bruxelles est une évidence, au moins aussi palpable que l’aspiration des citoyens à pouvoir être davantage inclus dans le processus démocratique. La secrétaire d’état propose d’éliminer une étape importante qui permet la publicité des projets et l’expression de points de vue dissidents. Le gouvernement régional resterait seul, en compagnie de l’industrie immobilière, pour construire la ville contre les gens, et contre la nature.
La charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique
Une nouvelle “charte pour un journalisme” à la hauteur de l’urgence écologique a été signée par de nombreux médias français et écoles de journalismes, mais aussi par un grand nombre de journalistes y compris belges. (10)
Son point 7 invite la profession des journalistes à “Révéler les stratégies produites pour semer le doute dans l’esprit du public. Certains intérêts économiques et politiques œuvrent activement à la construction de propos qui trompent la compréhension des sujets et retardent l’action nécessaire pour affronter les bouleversements en cours”.
Le fait que la tête du gouvernement bruxellois, s’exprimant au cœur d’un salon de l’immobilier, pour détruire 42 hectares d’espace naturels et de biodiversité à Bruxelles, en faisant croire qu’il agirait ainsi pour des raisons sociales, et que ceux qui s’y opposeraient seraient des nimbystes, constitue d’évidence une stratégie destinée à produire le doute dans l’esprit du public.
“Il appartient à l’ensemble des journalistes d’être à la hauteur du défi que représente l’emballement du climat pour les générations actuelles et à venir” déclare encore la charte.
Nous avons l’honneur de rappeler l’importance de cet engagement aux journalistes qui traitent les question d’aménagement du territoire à Bruxelles, tant l’irresponsabilité de ceux qui nous gouvernent expose les habitants à des inégalités sociales catastrophiques et aux effets désormais destructeurs de la crise climatique, et prive la Région des ressources les plus essentielles pour s’adapter aux bouleversements écologiques déjà enclenchés.
Nous ne manquerons pas, pour ce qui nous concerne, de mobiliser largement pour défendre ces biens communs que sont les espaces naturels urbains, essentiels pour les personnes les plus vulnérables, et de bloquer par tous les moyens démocratiques possibles et envisageables la politique écocidaire du gouvernement Vervoort qui veut imposer à tou-te-s les Bruxellois-es un futur sans avenir.
(1) https://www.rtbf.be/…/entre-2003-et-2016-bruxelles…
(2) https://document.environnement.brussels/…/STUD_2006…
(3) https://www.lemonde.fr/…/la-canicule-vraisemblablement…
(4) https://www.unccd.int/…/files/2018-06/GLO%20French_Ch9.pdf
(5) https://www.lalibre.be/…/les-socialistes-bruxellois…/
(6) https://www.lalibre.be/…/la-region-de-bruxelles-va…/
(7) https://www.bruzz.be/…/brusselse-socialisten-verdedigen…
(8 ) https://unfccc.int/…/les-climatologues-sont-formels…
(9) https://www.dhnet.be/…/la-secretaire-detat-bruxelloise…/